Développement durable: l'insoutenable hypocrisie !

Par Philippe Parnet 

 

 

Le développement durable consiste à favoriser un modèle de croissance aujourd’hui qui n’hypothèque pas la capacité des générations futures à répondre aux enjeux de demain.

 

Cette définition pose en préambule la raison d’être essentielle du développement durable qui est le souci des générations futures…. Et pourtant, la réalité des discours sur ce thème est édifiant, quelques voix timides s’interrogent et avancent des chiffres mais aucun ne pose le vrai débat, le débat incontournable et primordial : de combien d’individu sera, devra être composée cette génération future pour avoir une chance de survivre sur une planète à la surface habitable non seulement limitée mais en constante réduction.

Le chemin parcouru depuis le rapport Brutland nous permet aujourd’hui de répondre à cette question et nous montre que nous avons déjà dépassé la limite.

L’empreinte écologique, mise au point par WWF et adoptée parmi d’autres indicateurs par le grenelle 2 de l’environnement, est une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la nature. C'est un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d'absorption de déchets.

Les calculs de l’empreinte écologique indiquent que la capacité productive nécessaire pour subvenir aux besoins de chaque homme est de 1,8 ha.

La planète possède 11,4 milliards d’hectares de terres réellement exploitables.

Aujourd’hui, d’après le CIA world factbook millésime 2010, la population mondiale est de l’ordre de 6,83 milliards d’habitants.

Cette population laisse uniquement 1,67 ha de terre productive par personne sans prendre en considération les besoins des autres espèces vivantes sur terre.

Nous sommes donc déjà passés largement en dessous du seuil acceptable permettant d’assurer que la vie sera possible pour les générations futures.

Les projections statistiques nous indiquent des chiffres de 7,9 milliards en 2025, soit 1,44 ha par personne, et plus de 9 milliards en 2050 soit 1,26 ha par personne, toujours sans considération des besoins des autres espèces vivantes sur terre.

 

Si en 1987, la simple réflexion de bon sens élémentaire nous laissait pressentir que la croissance sans limite d’une population sur une terre à la surface limitée et non extensible ne pouvait conduire qu’à l’extinction de l’humanité, aucun calcul ne permettait d’évaluer la limite de cette population, ni quand elle serait atteinte.

Aujourd’hui, nous savons.

Et nous savons que cette limite est déjà dépassée.

Alors nous ne pouvons plus continuer à discourir et à agir comme si cette réalité n’existait pas, il en est de notre véritable responsabilité vis-à-vis des générations futures.

Il est donc plus que temps aujourd’hui de poser ce vrai débat, le débat existentiel dont nous ne pouvons pas faire l’économie si nous voulons réellement donner une chance aux générations futures d’exister, à l’humanité de perdurer.

 

Les recherches et réflexions actuelles sur l’environnement sont incontestablement nécessaires mais ne constituent en définitive que des mesures d’accompagnement de ce vrai débat, des mesures qui ne seront que des retardateurs de l’inévitable destruction de l’humanité si des réponses à ce vrai défi de contrôle de la croissance de la population ne sont pas mise en œuvre sans tarder.

Combien de temps la terre pourra elle supporter sa surpopulation sans détériorer à jamais ses capacités lui permettant de subvenir aux besoins des générations futures ?

L’enjeu est donc de freiner la démographie avant que cette limite ne soit dépassée et que nous revenions au plus vite à une population stabilisée sans aucun doute inférieure à 6 milliards d’habitants, ce chiffre étant à évaluer dans la continuité des études menées jusqu’à présent sur l’empreinte écologique mais en y intégrant les besoins de toutes les espèces vivantes sur terre, la réduction annoncée des terres compte tenu du réchauffement climatique et des avancées environnementales obtenues grâce aux actions lancées dans le cadre du développement durable d’aujourd’hui.

Alors bien sur, ce débat est particulièrement difficile. Il doit être mené sur deux thèmes qui mettent chacun des hommes que nous sommes devant des réflexions intérieures profondes.

  • Le premier thème concerne les questions visant à limiter la population.
  • Le second traite de l’indispensable réflexion à mener sur la distribution des ressources et par conséquence des obligations de chacun pour les produire et les répartir entre tous.

 

Croire que l’Europe a fait sa part car les prévisions laisse entendre que sa population va décroitre est une utopie et serait d’une irresponsabilité impardonnable.

Ce portage conduirait inévitablement à son effondrement, soit par une déstabilisation incontrôlable face aux flux d’immigration des populations des autres continents à la recherche de ressources financières, soit par l’asphyxie du à l’impossible transfert de ressources bloquées sur les autres continents pour subvenir aux besoins de leurs populations respectives démultipliées, soit par la combinaison de ces deux facteurs.

Le problème est donc global et doit être traité comme tel à l’ère de la mondialisation.

 

Et, tout homme à la même responsabilité, en tant que père ou mère soucieux de la vie de ses enfants et petits enfants.

 

Et surtout ne cherchons pas dans ce débat à se perdre en discutions stériles et contre productives, à porter l’accusation et à pointer du doigt des soit disant coupables de la dégradation de la planète.

Car les chiffres locaux de l’empreinte écologique masquent un certain nombre de réalités qui ne sont pas prises en compte et qui montrent bien l’implication consciente ou inconsciente de tous.

En effet, l’empreinte écologique ne prend pas en compte l’aide financière aux pays en voie de développement qui sont donc mentionnés comme peu consommateur en ha alors que cette aide financière n’est possible que parce que certains pays les produisent en consommant plus chez eux de cette empreinte.

Il en est de même concernant la part des flux financiers générés par les touristes arrivant et alimentés par avions gros producteur de CO2 dans des iles paradisiaques qui ne survivraient pas sans cet apport de dépensiers indispensables à leurs économies.

Ainsi une part non négligeable de l’empreinte écologique attribuée aux pays occidentaux devrait être reportée au crédit de ces pays en voie de développement.

 

Il est donc indispensable de penser autrement, de réfléchir autrement et de trouver des solutions afin non seulement de limiter la population, de la réduire afin d’arriver au seuil soutenable, mais aussi de réfléchir au partage des ressources et du travail nécessaire pour les obtenir, en incluant les problématiques de la gestion de la durée du travail et du paiement des retraites d’une surpopulation temporaire.

 

Pour commencer et entrer dans le débat, nous pourrions tout d’abord nous interroger sur les expériences suivantes:

  • La chine de Mao et sa politique de l’enfant unique sans tomber dans les effets négatifs de déséquilibre entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui cette politique combinée à la culture chinoise privilégiant la naissance du garçon garant d’une prise en charge des parents âgés a conduit à un rapport de 116 hommes pour 100 femmes soit pour une population de l’ordre de 1,3 milliards, un nombre d’hommes sans femmes d’environ 200 millions, soit plus de trois fois la population française, obligeant ces hommes à se tourner vers les pays voisins pour rechercher « l’âme sœur » au détriment des populations respectives de ces pays.
  • L’étude approfondie des iles et de leurs fonctionnements car la terre est elle-même une ile dans l’univers mais sans oublier que si les iles terrestres peuvent s’appuyer sur les continents, la terre n’a pas encore trouver un seul de ses équivalents dans la galaxie.

 

Alors, si nous sommes incapables de nous remettre en cause profondément, au-delà du matériel mais bien au niveau de ce que nous avons de plus profond, nos croyances et sentiments vis-à-vis de la procréation, notre relation spirituelle envers le don de la vie, de l’existence et de la raison d’être de l’homme, alors, arrêtons l’hypocrisie, arrêtons de mentir aux générations futures, arrêtons simplement de nous mentir, de nous voiler la face dés aujourd’hui, arrêtons de nommer le développement de durable ou de soutenable, ce qu’il ne peut pas et ne pourra jamais être sans réponse sensée à la question de l’accroissement de la population, et parlons de développement « inexorable » dont nos actes limités d’aujourd’hui ne tendent simplement qu’à retarder l’échéance fatale de destruction de l’humanité.

Ainsi pour que la victoire de Copenhague soit suivie d’une seconde victoire, le « réfléchir autrement » devrait imposer aux acteurs de Cancùn de poser et de s’interroger sur cette question existentielle incontournable et de s’entourer non pas uniquement d’environnementalistes, d’économistes ou de techniciens mais de philosophes, sociologues, ethnologues, théologiens, psychologues, politologues, historiens, géographes …

 

 

HDA, le 21/07/2010